Loco Cello à Lacanau : le chant des cordes sous les étoiles

Mercredi dernier, la salle de l’Escoure à Lacanau s’est emplie d’une magie rare à l’occasion du Festival Musical’Océan, ce bel événement estival qui depuis plus de vingt ans fait vibrer notre bout de rivage Atlantique au son de la musique classique, du jazz et des musiques du monde. Dans ce cadre enchanteur, Loco Cello a offert une pure merveille de concert.

Sur scène, trois musiciens d’exception : François Salque, violoncelliste prodige, Samuel Strouk, guitariste et compositeur lumineux, et François Perdriau, contrebassiste aussi imperturbable que profond.

François Salque, l’un des plus grands violoncellistes français de sa génération, passé par Yale et le Conservatoire de Paris, collectionne les récompenses (concours internationaux, Victoires de la Musique) et les collaborations prestigieuses avec Éric Le Sage, Michel Portal ou l’accordéoniste Vincent Peirani. Mais ici, il faisait chanter son instrument comme un oiseau, comme le vent, comme Sainte Colombe ou Django, dans une liberté pleine de tendresse et d’inspiration.

À ses côtés, Samuel Strouk, guitariste aussi époustouflant que discret, capable d’enchaîner des diagonales foudroyantes sur le manche avec une aisance stupéfiante, mais toujours au service de la musique, jamais au détriment de l’harmonie ni de la délicatesse. Compositeur accompli, nourri aussi bien de musique classique que de jazz manouche, il signe plusieurs des pièces du trio avec une inventivité et une élégance qui font mouche.

François Perdriau, enfin, déployait une contrebasse puissante, profonde, rassurante comme la rumeur sourde d’un vieux port la nuit. Un socle parfait pour les envolées des deux complices.

Leur répertoire mêlait allègrement classique et jazz, baroque et manouche, dans une alchimie unique. Mais surtout – j’insiste – jamais au prix de la musicalité. Ce qui frappe chez Loco Cello, outre les décennies de compagnonnage qui rendent leur jeu incroyablement joyeux et amical, c’est leur générosité vis-à-vis du public. Leur musique fait plaisir, elle ravit le cœur autant que l’esprit, car elle est offerte, tendue vers l’auditeur avec modestie et élégance.

C’est toute la différence avec certains interprètes brillants mais repliés sur eux-mêmes, pour qui la virtuosité vire à la démonstration froide. Ici, au contraire, on sentait le plaisir de jouer ensemble, l’envie simple et précieuse de partager un instant suspendu.

Coup de chance pour les non-Canaulais (eh oui, c’est dur, je sais…) : l’album est disponible sur toutes les bonnes plateformes. Une musique solaire, astucieuse, complice. On en ressort plus intelligent, et surtout, infiniment plus heureux.